Hollywood, expression de la puissance des États-Unis - Classe internationale (2023)

Hollywood est une industrie qui a produit plus de 500 films par an au cours des dernières décennies. Ces films occupent régulièrement les dix premières places du box-office international. Ils permettent à Hollywood d'être à la pointe du marché international du cinéma. Mais que cache cette puissance cinématographique ? Hollywood s'affirme comme un outil deforce légèredes États-Unis en projetant l'universalisme américain et les positions géopolitiques des États-Unis dans le monde.

Hollywood conquiert le monde...

La propagation mondiale

Hollywood Studios a été construit à Los Angeles, en Californie, en 1914. Pour rationaliser les tournages et réduire les coûts de production, Hollywood adopte rapidement une logique de gestion « tayloriste ». Le scénario devient une spécification dans laquellel'écriture du scénario, sa forme, sa fonction restent dépendantes du contexte de production, des conditions particulières du tournage respectif, des personnalités impliquées dans l'élaboration du film à venir.La fragmentation des tâches et la diversification des métiers entraînent une spécialisation par branche d'activité,Grappe. Mourirmajeures, les sociétés mères, s'occupent de la gestion, des finances et de l'industrie cinématographique. Hollywood devient alors peu à peu une industrie cinématographique qui en rassemble plusieursmajeures. Ils sont regroupés par pairescartels: la MPAA-Motion Picture American Association (1922), qui s'occupe de la distribution des films sur le territoire et au Canada; la MPEA-Motion Picture Export Association (1945), qui gère la distribution des films à l'étranger. Entre 1950 et 1970, le Japon et l'Europe ont été les principaux destinataires des films hollywoodiens. À partir de 1970, Hollywood commence à étendre son réseau international et s'empare du phénomène de la mondialisation en se réorganisant et en développant de nouvelles stratégies. Trois facteurs semblent prévaloir pour expliquer l'expansion d'Hollywood sur la scène internationale.

Le premier est l'ouverture du marché aux investissements étrangers et la libre circulation des capitaux. lesmajeuresont été rachetés par des multinationales étrangères en 1980. Prenons l'exemple de Columbia, qui a été rachetée par Matsushita, une société japonaise, puis par Vivendi. Ou Universal, qui a été repris par la société japonaise Sony. A partir de 1980, l'ouverture des marchés à l'étranger permet également d'investir dans des multiplex à l'étranger. En plus de ses propres cinémas,majeuresont des succursales à l'étranger. Nous assistons à la construction d'un réseau mondial.

La seconde est l'ouverture progressive de marchés fermés comme la Corée du Sud. Dans les années 1980, les productions hollywoodiennes avaient une part de marché inférieure à 35 %. Depuis 1990, ils représentent près de la moitié de la part de marché du pays. La Corée du Sud est actuellement l'un des dix plus grands marchés d'Hollywood. De plus, des accords de libre-échange avec divers pays favorisent la diffusion des films hollywoodiens.

Le troisième est l'appropriation des données issues de l'analyse des audiences internationales. L'institut de recherche National Research Group, fondé en 1978, mène toutes les études sur le marché du film pour le compte d'Hollywood. Il s'agit de décoder les goûts des téléspectateurs en fonction de leur âge, de leur sexe ou de leur origine ethnique. Se présentant comme un guide d'études, l'Institut met l'accent sur son rôle dans la diffusion et la diffusion des films dans le monde.

Le résultat de cette propagation mondiale est illustré par ce peu de données : depuis la fin des années 1990, les revenus des films hollywoodiens sont plus élevés sur le marché étranger que sur le marché domestique. Hollywood détient entre 60% et 75% de la part du marché international du film.

Le développement des moyens de diffusion

Les films hollywoodiens sont projetés dans les salles de cinéma et, avec la démocratisation de la télévision, s'invitent dans les foyers depuis les années 1980. Par ailleurs, l'avènement de la télévision payante en Europe dans les années 1990 a apporté à Hollywood, sinon une manne économique majeure, du moins une diffusion massive et rapide de ses films. Les radiodiffuseurs commerciaux qui veulent acheter un seul film doivent en acheter dix. De plus, les cassettes VHS, les DVD et Internet participent à l'expansion d'Hollywood sur le marché international principalement en raison de leur aspect incontrôlé comme les plateformes de streaming non autorisées ou les téléchargements illégaux. Une nouvelle géographie de la distribution émerge.

...pour diffuser la vision des États-Unis...

Au sommet et au sein du MPAA et du MPEA se trouvent des élites politiques en contact étroit avec Washington. La construction d'Hollywood et sa conquête du monde s'accompagnent d'un fort lobbying du Congrès et du gouvernement. Mais cette relation profite aussi aux dirigeants qui y trouvent un moyen de diffuser les valeurs défendues par les États-Unis et une certaine vision du monde. Hollywood est un outil deforce légère.

L'empreinte du gouvernement

Dans les années 1910, les films hollywoodiens étaient destinés à un public pauvre et immigré. des films tels queL'immigré(1917) et leOccidental, suivez l'histoire des États-Unis et la construction de la nation. Ils défendent le patriotisme, les valeurs religieuses, la famille et le travail. Les images veulent fédérer des personnes d'horizons et de cultures différents autour des mêmes valeurs. La sphère politique américaine s'intéresse rapidement au cinéma : en 1934, le sénateur William Harrison Hays introduit le Code Hays dans les films. Les États-Unis ou toute allégorie doivent être présentés de manière « respectueuse ». Les criminels ne doivent en aucun cas éveiller la sympathie. Outre leLoi sur les droits civilsintroduit la diversité à l'écran en 1964 en fixant des quotas pour les acteurs de différentes races. La recherche de l'universalisme des valeurs américaines commence.

À partir de la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement des États-Unis a parrainé un théâtre de « sécurité nationale ». Les films produits combattent l'idéologie nazie ou dénoncent la menace communiste et suscitent le sentiment patriotique des citoyens. Une connexion directe est établie entre le département de la guerre et Hollywood. Il ne cassera jamais. Les films de sécurité nationale font également la promotion de l'armée américaine, voire de la propagande. Elle prête son matériel et ses hommes pendant le tournage. La réalisation du filmPistolet supérieur1986 en est le parfait exemple. Ce film a même facilité le recrutement de nombreux soldats américains : l'armée a installé des stands de recrutement à la fin des séances.

Le scénario, une histoire de conflits et de menaces

Les films hollywoodiens fédèrent non seulement une nation autour des valeurs et des représentations géopolitiques des États-Unis, mais tout un monde.

Les conflits et les menaces auxquels sont confrontés les États-Unis et leurs alliés sont scénarisés. L'action de nombreux films de la seconde moitié du XXe siècle lutte contre l'idéologie nazie et l'ennemi communiste pendant la guerre froide. Le cinéma s'inscrit alors dans la logique deDoctrine de l'État de sécurité nationale, créé sous l'administration Truman. De plus, les scénarios illustrent le mouvement et le développement des conflits et des menaces. Les cyberattaques, la menace terroriste, le trafic de drogue et les gangs sont des thèmes qui ont figuré dans les intrigues depuis les années 2000.

De plus, les films apportent un récit américain des faits à travers des personnages héroïques. Prenons les films comme exempleRambos 2sur la guerre du Vietnam etRambos 3sur la guerre en Afghanistan. Ces films permettent aussi de minimiser, voire de glorifier, le rôle joué par l'armée américaine lors des conflits. Le filmtireur d'élite américain, sorti en 2015, rend hommage à un soldat ayant participé au conflit en Irak.

Il est intéressant de noter l'évolution stylistique des films ainsi que des personnages. Les films de super-héros se sont multipliés ces dernières années, occupant régulièrement le top dix du box-office. L'adaptation cinématographique, depuis 2012, parvengeurconnaît un grand succès. On y retrouve Captain America, un super-héros patriotique créé pendant la Seconde Guerre mondiale pour incarner la lutte des États-Unis contre l'idéologie nazie. Ce retour sur grand écran est-il lié à la lutte contre le terrorisme ? Le personnage de super-héros est alors à nouveau utilisé en période de conflit armé et idéologique.

Les "Alliés" à l'écran

La diffusion internationale des films hollywoodiens implique une modification des représentations à l'écran. Les deux films de Clint Eastwood sur la bataille de Pearl Harbor semblent en être un bon exemple. Le filmsouvenirs de nos pères, publié en 2006, préfère la représentation américaine. Le filmBref un Iwojima, sorti en 2007, préfère la représentation japonaise. Les succès au box-office de ces deux films semblent assez révélateurs;souvenirs de nos pèresen tête du box-office aux États-Unis etBref un Iwojimaen tête du box-office au Japon.

A partir des années 1980, les scénarios intègrent les pays alliés, la criminalité devient une affaire transnationale. Jusqu'à présent, les complots ne concernaient que les États-Unis, seuls contre un ennemi. Les scénarios sont ensuite adaptés à la relation entre les États-Unis et ses pays alliés. le dernier James Bond,effrayersorti en 2016, a été tourné en partie au Mexique, à Mexico. Le gouvernement mexicain avait posé certaines conditions : l'actrice principale devait être une actrice mexicaine, le méchant ne pouvait pas être mexicain et la modernité de la ville devait être promue.

Mentionnons également l'influence des multinationales qui en sont propriétairesmajeures, sur l'écriture de scénario. L'acquisition par le géant chinois du e-commerce Alibaba d'Amblin Partners (la société de Steven Spielberg, qui regroupe ses différents studios) s'accompagne de plusieurs conditions : l'engagement à la présence d'au moins un acteur chinois dans les prochains films, le tournage de scènes en Chine ainsi qu'une représentation positive du pays.

Hollywood améliore ainsi sa diffusion et son intégration sur la scène internationale afin de développer saforce légère, c'est-à-dire une stratégie d'influence pour attirer, persuader et focaliser l'opinion publique autour des valeurs et opinions américaines.

... mais se heurtent à des limites.

Prendre soin de

Cette prolifération hollywoodienne sur les marchés internationaux est inquiétante. Hollywood est accusé de n'être pas un cinéma d'internationalisation mais de globalisation, de sorte que la libre circulation de la culture dans les échanges marchands menace la diversité culturelle. L'UNESCO s'est saisie du problème et a proposé en octobre 2005 une convention de défense de la diversité culturelle, la CDEC: Les États sont habilités à réglementer la distribution des films étrangers sur leur territoire. La convention a été ratifiée par 124 pays, dont la France, le Canada et l'Inde. Les États-Unis ne l'ont pas ratifié. Également dans l'accord de libre-échange TTIP, les États-Unis veulent que les industries culturelles du cinéma ne soient pas régulées.

marchés fermés

Hollywood représente le monde en trois blocs : pays « ouverts », « semi-ouverts » et « fermés »aux films hollywoodiens. Les marchés étrangers d'Hollywood comprenaient 75 pays en 1979, plus de 80 en 1990 et plus de 150 au début des années 2000. Franco : Entre 1964 et 1967, la Colombie s'est vu interdire de distribuer ses films sur le territoire national.

En Chine, l'industrie cinématographique est contrôlée par l'État, qui fixe des quotas annuels pour les films étrangers. Jusqu'en 2012 les quotas étaient de 20 films par an, maintenant c'est 45 films. De plus, les films étrangers doivent s'adapter au marché chinois.forte pluie, sorti en 2013, a vu des séquences coupées et des parties du film ont une traduction chinoise vaguement basée sur la version originale. Cette pratique devient de plus en plus courante, comme en témoigne la nouvelle connexion entre Alibaba et les studios de Steven Spielberg.

Une représentation troublante

La représentation de certains films hollywoodiens est dérangeante, comme ce fut le cas avec le filmArgo. Ce film raconte la prise d'otages de 1979 à l'ambassade des États-Unis à Téhéran et a suscité de vives critiques en Iran, qui sont allées jusqu'à signer une pétition à l'ONU, qui a diffusé une publicité au début du film, avertissant que l'histoire déformerait les faits.

Le gouvernement des États-Unis se positionne comme le premier censeur lorsqu'un film hollywoodien diffuse une image qui va à l'encontre des positions du pays. Francis Ford Coppola a été la première victime de cette censure lors du tournage de son filmapocalypse maintenant,en 1979. En effet, le film retrace l'histoire de la guerre du Vietnam et présente une guerre sans concessions, brute. C'est la première fois qu'un film à gros budget ne reçoit pas le soutien de l'armée américaine. Le film de Brian de Palma, Édité, sorti en 2007 et présenté à la Mostra, a beaucoup souffert de la censure aux États-Unis. En effet, il porte à l'écran le viol d'une petite fille et le massacre de sa famille par des soldats américains lors de la guerre d'Irak de 2003. Le film se positionne très clairement contre cette guerre. Brian de Palma est alors accusé de propagande anti-américaine, le film ne tourne que dans 15 salles aux USA et disparaît très vite du box-office américain.

Conclusion

Sous l'influence des politiciens, Hollywood a réussi à s'ancrer dans la culture mondiale depuis plus d'un siècle. En octobre 2016, par exemple, l'ONU a choisi l'actrice américaine Lynda Carter, alias Wonder Woman, comme ambassadrice de la cause des femmes dans le monde. Les pays qui ferment ou ferment partiellement leurs portes au cinéma américain voient parfois leurs citoyens contourner les interdictions avec l'utilisation d'Internet ou même le soutien de la diaspora. Le cinéma hollywoodien s'affirme ainsi à l'international comme un puissant instrument du soft power américain.

Lino HEIDBRINK
Marion NOL

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